Le Batik est un procédé de teinture textile complexe et fascinant. Proposant des possibilités créatives infinies, cette méthode a traversé les continents et les siècles, s’adaptant à chaque peuple et chaque culture. C’est un art à part entière qui entre dans le cadre des savoir-faire traditionnels que MUUDANA s’efforce de préserver. Découvrez ci-dessous cette teinture ancestrale, que vous pourrez retrouver dans plusieurs de nos créations.
Qu’est ce que le Batik ?
Le Batik est une technique de teinture dite « à réserve ». C’est-à-dire qu’une partie du tissu est « caché » de la teinture, créant ainsi un motif. L’ikat, utilisé dans de nombreuses créations de MUUDANA, fait aussi partie des techniques de teinture « à réserve », comme le Tye Dye ou le Shibori.
Dans le cas du Batik, on applique de la cire sur le tissu pour réserver les parties qui ne seront pas teintes. Les étapes de réalisation d’un Batik sont généralement les suivantes :
- Le motif est dessiné à la cire sur le tissu. (Dans le cas de motifs très complexes comme en Indonésie, le motif est d’abord dessiné sur un papier, puis décalqué sur le tissu, avant d’appliquer la cire.)
- Le tissu est trempé dans un bain de teinture. La couleur imbibe alors toutes les parties qui ne sont pas recouvertes de cire. La couleur pourra aussi être appliquée au pinceau pour les batik plus élaborés. Selon les teintures utilisées (naturelles ou chimiques) il pourra y avoir plusieurs bains de teinture pour une même couleur et un bain de fixatif à la fin.
- Le tissu est séché puis trempé dans de l’eau bouillante afin de faire fondre la cire. Cette étape révélera alors le motif protégé de la teinture.
Les batiks de plusieurs couleurs sont possibles. Dans ce cas les étapes 1 à 3 sont répétées pour chaque couleur, en allant de la plus foncée à la plus claire. Et surtout, le dessin initial en cire est pensé en fonction de l’aplat successif de couleurs.
Les origines du Batik
L’apparition de la technique du Batik remonte à plus de 1000 ans. Aujourd’hui, le batik est présent sur tous les continents, de l’Afrique à l’Asie en passant par l’Océanie. Il semblerait cependant que son apparition soit liée à l’Asie et que ce soient les échanges commerciaux qui aient diffusé cette technique aux autres continents.
Le nom de Batik serait issu du mot indonésien « titik » signifiant point. En effet, les Batik en Indonesie étaient initialement composés de nombreux points. Puis ces points devinrent des lignes. Et les lignes de complexes dessins.
Les motifs du Batik sont initialement tracés à la main avec un stylet ou un « canting » (sorte de stylo en cuivre intégrant une réserve de cire). C’est un travail long et fastidieux qui exige patiente et minutie de la part du « batikié ».
Par la suite, la technique du Batik a connu une évolution majeure avec l’apparition de « tampons ». De taille plus ou moins grande, ils permettent de reproduire un motif de nombreuses fois. Ces tampons en cuivre permettent de diminuer le temps de travail nécessaire pour la création de l’étoffe, mais la finesse et la poésie du travail manuel en sont sacrifiées.
Comme toutes les techniques de teinture et de tissage, le Batik a voyagé au fil de l’évolution humaine, de pays en pays, de continent en continent, donnant lieu à de nombreuses variations ethniques et régionales. Moyen d’expression plastique et artistique, la technique du batik s’est adaptée aux cultures et aux ressources locales offrant ainsi une incroyable variété de styles. En voici quelques exemples ci-dessous.
Le Batik Indonésien
Le Batik le plus connu est le Batik Indonésien. Celui-ci est internationalement renommé au point qu’il fut inscrit en 2009 par l’UNESCO sur la liste représentative du Patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Les étoffes en Batik avaient, durant les siècles passés, une grande valeur en Indonésie. Elles étaient réservées à la famille royale, ou aux évènements importants de la vie : mariage, femmes enceintes, naissances, décès….
Une variété infinie de motifs a été développée, beaucoup ayant une signification. Ainsi certains motifs sont réservés uniquement à la famille royale alors que d’autres sont sensés protéger leurs porteurs. Les motifs indonésiens démontrent la diversité des influences culturelles auxquelles le pays est soumis : calligraphie arabe, l’art floral européen, phénix chinois, fleurs de cerisiers japonais ou paons indiens. Réalisés principalement sur des pièces de coton, les batik indonésiens sont d’une richesse incroyable.
Le Batik Africain
La technique du Batik est présente aussi en Afrique. Comme en Asie, le batikié (l’artisan batik) peut tracer le dessin à la main ou utiliser un tampon. Les tissus arborent souvent différentes couleurs et représentent des scènes de vie ou des motifs géométriques.
Les batiks africains utilisent en outre une technique propre à l’Afrique : le craquelage. La cire une fois séchée est fissurée ce qui laissera passer un petit peu de couleur lors du bain de teinture et apportera cet effet « craquelé » au dessin. Cela confère un effet “texture” au tissu très intéressant et original.
Sur ce continent Africain, le terme Batik est souvent utilisé également pour le Tye Dye. Mais pour MUUDANA le Tye Dye est une autre technique qui, si elle fait partie des procédés de teinture à réserve, se distingue du Batik en n’utilisant pas de cire mais des systèmes de nouage.
Attention, le batik Africain ne doit pas être confondu avec la Wax (malgré son nom) qui est un tissu industriel très utilisé mais rarement fabriqué en Afrique.
Le Batik Hmong
Le Batik Hmong est l’étoffe traditionnelle mise en valeur actuellement dans les créations de MUUDANA.
Le Batik Hmong est bien moins connu que le batik Indonésien. Pourant il véhicule lui aussi son lot d’histoire, de culture, de savoir-faire .
Les Hmong sont une large ethnie ayant migré au fil des siècles de la Sibérie à la Chine puis s’étant installés définitivement dans les montagnes au Nord du Laos et du Vietnam. Peuple montagnard et indépendant, les Hmong sont restés relativement préservés de la mondialisation (une situation qui risque de changer avec la main mise des gouvernements sur les ressources naturelles et le développement du tourisme de masse).
Les Hmong vivent d’agriculture et d’artisanat. Les femmes Hmong sont réputées par leur tenues traditionnelles complexes et créatives. Ces tenues font intervenir de nombreux savoir-faire textiles, dont la technique du Batik.
Le batik Hmong, à l’inverse des batik indonésiens et africains, ne fait intervenir qu’une couleur: l’indigo. Point de monotonie pour autant! L’indigo est l’une des teintures naturelles les plus versatiles. Selon le nombre de bains d’indigo, selon le temps de macération, la palette de l’indigo part du bleu clair pour aller jusqu’au sombre noir.
Le batik Hmong, est traditionnellement réalisé non sur du coton mais sur du chanvre, filé, tissé puis assoupli à la main. Il est dit que les femmes Hmong tissent et cousent une tenue par an, qu’elles étrennent à l’occasion du nouvel an Hmong. Les batiks Hmong en chanvre auront donc été en général confectionnés par une seule et même femme, de la récolte de la fibre, jusqu’à la teinture. Le Pantalon Hmong et l’étui à lunettes mettent en valeur des pièces de ce tissu exceptionnel.
Face à la complexité de ce travail, des variantes de Batik Hmong sont apparues. Les motifs à la cire sont appliqués avec des tampons sur du coton et non du chanvre. Ce type de tissu a été utilisé pour la Combinaison Black Hmong et la Chemise Khmu.
Batik, teinture naturelle et mondialisation
Les étoffes Batik à travers le monde étaient initialement teintes à partir de couleurs naturelles. Aujourd’hui, les teintures chimiques remplacent souvent les teintures naturelles, pour leurs couleurs plus vives, mais aussi pour leur facilité d’utilisation. En effet, la teinture naturelle réclame plusieurs jours de macération, un savoir-faire ancestral et une préparation minutieuse. A l’inverse une teinture chimique c’est un bidon de colorant à verser dans une bassine.
Or les teintures chimiques ont un impact non négligeable sur l’environnement et sur la santé de ceux qui les utilisent ou les portent. Les pays du Sud, où l’artisanat textile est encore pratiqué, ont souvent une législation commerciale moins exigeante. Ainsi, circulent encore sur le marché des teintures chimiques interdites en Europe depuis les années 80. Elles peuvent contenir des métaux lourds ou des composés azoïques fortement néfastes pour le milieu naturel ou pour l’humain.
Aujourd’hui, le marché international et le tourisme de masse poussent les artisans à proposer des prix toujours plus bas. En conséquence pour diminuer leurs couts, les artisans utilisent ces teintures chimiques au péril de leur santé. Les motifs et leurs significations sont oubliés, dévalorisés. Quand le tissu artisanal n’est pas tout simplement remplacé par une pure copie industrielle.
C’est ce qui arrive au batik aujourd’hui. Victime de leur succès, les motifs batik sont aujourd’hui vulgarisés et copiés à une échelle industrielle. Pour quelques euros il sera possible d’acquérir un joli tissu aux motifs ethniques. Mais celui-ci n’aura rien à voir avec de l’artisanat, en plus d’être produit dans des conditions très douteuses.
La mission de MUUDANA est de revaloriser ces savoir-faire traditionnels en créant des vêtements élégants à partir de tissus artisanaux confectionnés équitablement dans les règles de l’art.
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merci pour toutes ces infos ! J’adore le batik
Merci ! C’est un réel plaisir d’écrire sur ce sujet et de le partager avec vous!
Merci pour votre article. J’aime le batik, que j’ai appris auprès d’un aîné. Je compte monté un projet dans ce sens.
Merci pour votre commentaire et bon courage pour votre projet!
Merci pour ce partage et toutes ces informations
belle soirée
Lili????
Merci pour cet article très instructif